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1/19/2018

Akarmous ou la figue de Barbarie, atout économique et arme contre la désertification


Après quelques expériences mitigées ayant porté, pendant les années quatre-vingt, sur la plantation du figuier de Barbarie dans la zone steppique de la wilaya de Bouira (dans les daïras de Sour El Ghozlane et Bordj Okhriss), et réalisées par le Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS), une nouvelle expérience est menée dans ce domaine par la conservation des forêts de la wilaya sur le même territoire. 
Le programme -faisant partie des projets de proximité de développement rural de lutte contre la désertification (PPLCD)- est réalisé par l’Entreprise algérienne de génie rural (EAGR) sur une superficie de 30 hectares dans la commune de Hadjra Zerga, au pied de Djebel Benabdallah.

Il y a lieu de souligner que les anciens projets n’avaient pas bénéficié d’un gardiennage suffisant, ce qui a exposé les raquettes fraichement plantées à la destruction par les troupeaux d’ovins, de caprins et de bovins élevés de façon extensive dans la région.
La nouvelle expérience conduite dans cette région du sud de la wilaya de Bouira est espérée par les agriculteurs comme un nouvel apport à l’offre fourragère et aux nombreuses utilisations auxquelles est destinée cette plante, qui pousse naturellement dans les massifs du nord de la wilaya, et que les techniciens et les pouvoirs publics tentent d’étendre à la région steppique.
La plantation du figuier de Barbarie fait partie de la nouvelle stratégie de développement rural et de la diversification économique conçue par les pouvoirs publics. Cette plante, appelée Akarmous en kabyle, et Karmous Nsara ou L’hendi en arabe, est cultivée pour sa valeur alimentaire, en tant que produit du terroir, pour les fonctions assurées par les raquettes de cette plante dans l’alimentation animale et pour les vertus médicinales de son extrait (huile). Cela, outre la lutte contre l’érosion et la désertification, particulièrement dans cette zone écologiquement sensible du territoire de la wilaya de Bouira.
La leçon mexicaine
À l’échelle nationale, les plantations de figuier de Barbarie, appelé aussi opuntia, occupent une superficie de plus de 52 000 hectares. En tous cas, on est loin des potentialités dont dispose notre pays, sachant que cette plante supporte tous les aléas climatiques et édaphiques que connaît l’Algérie: sécheresse, désertification, frugalité du sol,…Dans ce contexte, il est fortement indiqué dans la lutte contre la désertification et dans les programmes de  stabilisation des sols.
Le ministère de l’Agriculteur, lors de plusieurs regroupements et ateliers organisés dans plusieurs régions du pays, a exhorté les acteurs promoteurs de projets ruraux à s’inspirer des expériences de certains pays, dont le Mexique avec lequel un partenariat en ce domaine est engagé.
En effet, au début du mois en cours, une délégation mexicaine, conduite par son ambassadeur à Alger, a effectué une visite au siège de l’Institut nationale de la recherche agronomique, en compagnie de deux experts et du représentant de la FAO en Algérie., et ce, dans le cadre d’un partenariat entre les deux pays dans le domaine du développement et de la valorisation de la culture de la figue de Barbarie (culture du figuier de Barbarie, sa transformation et sa commercialisation, à travers l’organisation et la structuration de la filière)
On sait que, hormis la consommation du fruit par l’homme et des raquettes par le bétail,  l’Algérie n’a pas encore exploré les autres opportunités qu’offre ce fruit.
L’expérience marocaine
On n’a pas, par exemple, développé une industrie d’extraction d’huile de figue de Barbarie, contrairement au Maroc où elle trouve une clientèle à l’étranger, principalement pour ses vertus en parapharmacie. Afin d’extraire un litre d’huile, il faut quelque 8 quintaux de fruits. Ce qui en fait l’huile la plus chère au monde, très recherchée pour sa vertu antivieillissement, plus que ne l’est l’huile d’argan qui bénéficie pourtant d’une grande notoriété.
L’industrie de transformation peut d’ailleurs aller plus loin que l’extraction de l’huile: fabrication de jus de fruit et de confiture, conservation de raquettes de figuier au vinaigre. Les raquettes coupées sont appliquées en cataplasme sur les blessures et les articulations douloureuses. On peut aussi les placer sur les durillons,  de même qu’elles sont utilisées sur les irritations de la peau et les boutons.
Les infusions de fleurs de Barbarie sont aussi utilisées pour réguler le taux de cholestérol ou de glycémie dans le sang, comme on l’utilise également contre l’inflammation du colon. En outre, le vinaigre issu du figuier de Barbarie est réputé comme élément favorisant  la digestion et l’élimination des graisses.

Amar Naït Messaoud

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