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11/03/2014

le Haïk ou el hayk...





En ce moment où à Alger le Haîk a été, est fêté, dans un esprit patrimonial et surtout protestataire contre la diffusion du hidjeb étranger plutôt triste, à la culture algérienne, aux traditions de voiles multiples, colorés, on peut adopter la position de cet ami intellectuel inventif, poète et, écrivain, ingénieur, qui est attristé de ce que le Haîk soit une fête parce que le haïk a représenté pour lui le symbole de l'enfermement et de l'infériorisation de la femme.

Comme lui sur certains points je ne regretterais pas le haïk que ma mère a porté comme ma sœur comme mes tantes et toutes les femmes de cette génération parmi lesquelles d'autres, petites minorités avaient eu le courage de «sortir » « nues » comme elles disaient (takhroudj 'aryana »).
Je sais combien elles y tenaient et le défendaient et l'imposaient.
Elles avaient peur d'être vues « 'aryanate», nues donc.
Je suis cependant content que le haïk soit fêté.
C'est peut être un sentiment à remettre en question. Pourquoi pas?
Mais je veux en être convaincu et d'abord par des femmes. 

Cela parce que dans notre société on peut parler de tout au nom des autres, des femmes notamment dès lors qu'elles restent cloîtrées et confinées au silence.
Vous me direz que les femmes s'expriment et font savoir leur opinion ou encore qu'elles savent ce qu'elles font et défendent. 

Et si elles ne parlent pas, c'est parce qu'elles trouvent cela inutile car pour nos compatriotes du genre féminin, l'important est de faire et « d'assurer » surtout que nous les hommes selon nombre d'entre elles, nous n'assurons pas, sommes faibles , influençables, bavards et prenant facilement des positions sur tout sans réflexion
Sur le plan religieux par exemple, si l'on considère que non seulement l'islam obligerait au voile et que en plus l'islam serait irascible à toute évolution, je prendrais en considération l'avis des femmes musulmanes et les laisserait décider elles mêmes sans contrainte. 
Elles sauraient ce qu'elles feraient étant elles mêmes musulmanes.
Le Haïk comme patrimoine ? , Bien sûr comme tout objet, toute pratique non humiliante .
Considérer une chose, un fait social, un objet, le haïk par exemple, comme un patrimoine n'impose ni ne suggère d'en souhaiter le maintien.
Il en est des objets usuels patrimoniaux comme des costumes ou des coutumes
Ils permettent de maintenir et entretenir la mémoire qui n'est pas le répertoire des valeurs à maintenir en fonctionnement mais la somme des legs du passé qui contribue à définir l'identité laquelle est dynamique et évolutive. Ce rapport entre modernité et patrimoine est au cœur de la construction des continuités nécessaires à la gestion pacifiée des différences qui font toute société et qui se multiplient dans les sociétés modernes du fait des mutations matérielles et culturelles.

On peut donc apprécier la mise en scène du haïk avec les multiples interprétations et sensations qui lui sont liées. 

Il est sûr qu'aujourd'hui la fête du haïk est célébrée par celles et ceux qui le préfèrent au hidjab importé d'orient arabique et qui était aussi extérieur et étranger à notre Algérie aimée dont l'histoire est faire entre autres de ces images des femmes sorties manifester ou qui avaient fait évoluer son port en l'adaptant aux chaussures à talon et à la « jupe serrée ».

Et cela peut signifier une nostalgie ou une préférence que les femmes refuseront de suivre parce que le hidjab moderne différent du Hidjab traditionnel de la femme yéménite, égyptienne ou arabique (je refuse le qualificatif de saoudien) a la supériorité ou le vice, de permettre à la femme de disposer de la liberté de mouvement de ses membres tout en renforçant son enfermement dans le voile. Enfermement qui ne me gênerait pas sir je ne savais la part de pression familiale et masculine. 

Car au fond si les libertés étaient sacrées et protégées par la justice, ça ne me regarderait pas que telle ou telle femme choisisse de porter le « hidjab » comme elles le font au Canada, aux Usa , en Europe où elles disposent de la pleine liberté. J'en appelle donc à la liberté et ainsi porteront le voile celles qui le voudront et ne seront pas obligées de le porter celles qui ne le veulent pas. C'est si simple. 

Ce serait si simple si nos gouvernants acceptaient de libérer la justice et de faire alors respecter les libertés par elles contre tous ceux qui y portent atteinte.
Reste ensuite à discuter des deux questions différentes de la modernité et de l'égalité des genres en sociétés "musulmanes" égalité que le Hidjeb traduit d'une façon précise mais incomplète.

L'important en ce domaine est à mon avis le respect du principe des libertés individuelles et collectives et de la gestion de la chose par les gens concernés , pas seulement par l'Etat entendu au sens très large de ses multiples représentants très différents les Etats que beaucoup de dirigeants (pas tous) considèrent comme une propriété personnelle leur permettant de confier et légiférer à leur façon des choses relevant de la vie privée et collective sur la base de leurs interprétations - toujours ignorantes et incultes (oui incultes au sens propre et figuré)- de ce qu'est l'islam, et de la relation entre islam, civilisation et temps présent. Cette relation a été bien gérée du 7 ème au 12è voire au 14è je crois. 

Elle a décliné par la suite jusqu'à nos jours où des ignorants, incultes même en religion ont le pouvoir de décider et imposer.

Là, la fête du haïk peut apparaître comme une belle manifestation de l'attachement aux cultures et aux libertés algériennes mais ...à condition que les femmes décident elles mêmes de ce qui les concerne. Normal. Non? puisqu'elles iront toutes seules dans leur tombe tout comme nous. .



N. BOUMAZA,