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4/29/2016

Archéologue : Les Djeddars sont dans un état déplorable

Les Djeddars de Frenda sont dans un état lamentable. Plusieurs archéologues ont tiré la sonnette d’alarme. Bachir Sahraoui, écrivain, poète et archéologue s’inquiète de la dégradation continue de ce prestigieux patrimoine.
Vous réfutez la thèse selon laquelle les Djeddars de Frenda ont été construits durant l’époque romaine…
Il faut d’abord savoir que les Romains n’ont jamais construit de pyramides et n’en ont pas le savoir- faire. Après leur installation en Afrique du Nord, et en Algérie, ils découvrent les édifices gigantesques bâtis par le génie de l’architecture amazigh, que sont, entre autres, le Medghacen dans la région de Batna (500 ans avant J-C), le mausolée royal de Maurétanie près de Tipasa (datant de l’époque numide), le mausolée de la reine Tinhinan à Tamanrasset, ou encore les 13 Djeddars de Frenda.
Les résultats des recherches et des fouilles menées dans les années soixante-dix par l’archéologue Khadra Kadri ont démontré, arguments à l’appui, que les inscriptions berbères sur les façades de ces édifices ont été effacées et remplacées par des écrits latins, avec le débarquement de la soldatesque romaine.
Ce qui témoigne de leurs lointaines origines. En tout cas, leur construction remonte à des siècles avant J-C, contrairement aux affirmations de quelques historiens, étrangers notamment. Malheureusement, les travaux de cette brillante universitaire ont été interrompus, laissant ainsi le voile sur l’histoire méconnue de ce haut lieu de culture et d’identité.
Quelle est la particularité de ces monuments, notamment par rapport aux pyramides d’Egypte ?
La singularité des Djeddars prend son importance avec l’intérêt porté par les concepteurs à l’exploitation et la gestion de l’énergie des lieux.
Vous remarquez que contrairement aux pyramides de Gizeh, du Soudan, voire même celles de quelques pays de l’Amérique latine, élevées en forme de pic, les monuments de Frenda sont construits comme des dômes.

Qui a découvert les Djeddars ?
Ibn Khaldoun, qui avait rédigé une partie de son célèbre ouvrage, Prolégomènes, dans la région de Frenda, avait signalé, bien avant les archéologues et les missions scientifiques qui ont accompagné l’entreprise coloniale, l’existence des Djeddars.

Qu’en est-il de leur protection et de leur conservation ?
Malheureusement, ce patrimoine matériel d’une valeur inestimable se trouve dans un état tout simplement lamentable. Le site n’a fait l’objet d’aucun intérêt et n’est même pas indiqué pour orienter d’éventuels visiteurs.

4/08/2016

LA KABYLIE STATUFIÉE...11 statues des colonels connus de la Wiloaya 3 historique censées leur rendre hommage

Travaux accélérés pour ériger 11 statues des colonels de la Wilaya 3 sur la RN 12 

Tizi-ouzou, 13 juin 2015 - Des travaux sont menés à une cadence accelérée pour ériger sur la RN12 avant le 5 juillet 11 statues des colonels connus de la Wiloaya 3 historique censées leur rendre hommage. Il s'agit de Akli Mokrane dit Mohand Oulhadj (Bouzeguène), Slimane Dehilès (Ouadhias), Ali Mellah (Tizi-Gheniff), Abane Ramdane (Larbâa Nath Irathen), Amirouche Aït Hamouda (Tassaft-Iboudraren), Aissat Idir (Mekla), Krim Belkacem (Aït Yahia Moussa), Mohamed Zamoum (Ouadhias), Amar Ouamrane (Draâ El-Mizan), Mohamed Saïd (Larbâa Nath Irathen), Saïd Yazourène (Timizart).(BMS)





C'est un article du quotidien El Watan qui nous l'apprend : érection de 11 statues de colonels de l'ALN en pays kabyle.

En soi, ce prurit soudain de statuaire serait plutôt sympathique dans un pays musulman qui interdit, en principe, la représentation figurée, surtout celle à trois dimensions (assimilée à l'idolâtrie). De plus, rendre hommage à des combattants de la liberté, relèverait du patriotisme bien compris. Seulement voilà :

1) les statues sont celles de colonels nés exclusivement en Kabylie, même quand ils ont exercé leur commandement dans une autre région (cas de Ouamrane, Dehilès, Zaamoum).

2) L'un des onze colonels n'en était pas un, puisqu'il s'agit de 'Abane Ramdane !

Et voilà où mène le chauvinisme régionaliste : à abraser les vérités historiques liées au choix des hommes pour ne laisser subsister d'eux que ce qu'ils n'ont pas choisi, leur lieu de naissance. On arrive ainsi à des absurdités telles celles qui font voisiner le nom et l'effigie de 'Abane -promoteur de la suprématie du politique sur le militaire- avec ceux qu'il qualifiait de « gardiens de chèvres portant une arme » (dixit F. Fanon).

De même, le malheureux 'Abane est-il ramené aux dimensions de ceux-là mêmes qui ont donné leur onction à son assassinat -Krim Belkacem (à qui 'Abane donnait du Aghioul) et Ouamrane (que 'Abane n'aimait pas pour des raisons, disons, personnelles)-, deuxième absurdité à quoi mène ce chauvinisme de l'extrait de naissance.

Et que dire de la « présence » de celui qui s'est fait rouler comme un bleu dans la farine sanglante de la… bleuite, le sanguinaire Aït Hamouda qui, non content d'avoir égorgé des centaines d'élèves et d'étudiants algériens venus rejoindre les maquis, allait exterminer en une nuit un village -kabyle- entier, mille personnes égorgées ?

Et puis de cette autre, celle de Mohamedi Saïd, devenu dans les années 90 vice-président du FIS et qui revendiquait le massacre de Mélouza (1958) en insultant les morts de cette dechra, tous qualifiés de traîtres.Même les enfants ?

Abolition du simple bon sens historique-critique, régression du sens national vers le tribalisme primaire, continuez comme cela, mes frères et Georges Soros se fera un plaisir de vous concocter bientôt une bonne révolution, couleur jaune canari.



UN ARTICLE RACISTE DE AÏT BENALI BOUBEKEUR 

Le Huffington Post Maghreb vient de publier coup sur coup deux articles sur l'ouvrage de Yassin Temlali (YT)-La genèse de la Kabylie-, l'un, magistral, de l'historienne Malika Rahal, l'autre, tendancieux et même, disons-le, honteux, d'un « électronicien passionné d'histoire » (c'est lui-même qui se présente ainsi).

Autant, en effet, l'article de M. Rahal se situe au niveau de l'abstraction et du concept (sa réflexion a pour objet la notion de constructivisme qu'elle estime être au centre de la pensée de YT : ou comment la Kabylie a été înventée), autant celui de l'électronicien se traîne dans les approximations historiques et les lieux communs racistes. À le lire -et bien qu'il prenne des précautions toutes rhétoriques dans l'exorde de son écrit-, on a l'impression que l'essentiel de l'ouvrage de YT se ramènerait à la séquence de l'arrivée des Hilaliens, cesexpulsés (sic) de l'orient, cette barbarie (resic) qui a fait fuir les Berbères vers les montagnes et qui serait même à l'origine du caractère violent des Algériens (sic encore) ! L'école psychiatrique d'Alger ( que F. Fanon dénonçait comme raciste) n'aurait pas dit mieux. Autant de mots faits pour blesser avec autant de contre-vérités historiques et de confusion systématique entre Berbères et Kabyles.

- Les Hilaliens (Bni-Hillal et Bni-Souleym) étaient une confédération de tribus guerrières, originaires du Nejd. Dernières converties à l'islam, elles participèrent, aux côtés des Qarmates, au sac de La Mecque et au transfert de la pierre noire de la Kaaba à Bahrein (où les Qarmates avaient érigé un Etat à communisme intégral). Établis sur la rive orientale du Nil, les Hilaliens furent sollicités -et rétribués- par le calife fatimide pour une mission précise : aller châtier les renégats zirides qui venaient d'apostasier le chi'isme. Les Hilaliens écrasèrent l'armée des zirides sanhajas quelque part en territoire tunisien actuel et redescendirent vers le désert, leur lieu naturel. Leur marche vers l'ouest -Taghriba- se déroulera suivant une ligne horizontale située aux confins des hauts-plateaux et de l'Atlas saharien.

Comment oser dire, alors, que les Berbères, fuyant la barbarie hilalienne, se sont réfugiés sur les montagnes de la Kabylie ? Aussi faux qu'absurde, les seuls Berbères qui fuyaient étant probablement les débris de l'armée ziride. Mais cette absurdité n'a-t-elle pas, en réalité, une fonction qui est de cacher une donnée historique attestée par tous les historiens, celle de la coexistence des Hilaliens et des Berbères znata ? Deux exemples, à ce titre :

-Dans son livre Jazya,, princesse berbère, (éditions Chiheb), Nadia Chelligue dévide la légende aurésienne de cette princesse znata qui épouse le guerrier hilalien Diyab. Le mythe réalise ainsi au niveau symbolique la réalité de l'union de la berbérie agropastorale -principe féminin, la terre- avec l'arabe guerrier et poète -principe masculin, le ciel.

-Leur geste va emmener les Hilaliens au pied de l'atlas saharien. Là, ils côtoieront une grande tribu berbère znata, qui servait de makhzen aux Almohades. Quand l'empire implosa, cette tribu, les Bni Abdelwad, s'empara de Tlemcen et fonda le royaume zianide, sous la conduite de Yaghmoracen. Ce dernier, en butte aux attaques des Mérinides de Fès, enrôla une puissante fraction des Hilaliens, les Bni-'Amer, pour lui servir de Makhzen. Yaghmoracen récompensera les Bni-'Amer en leur attribuant la plaine d'Oran.

On voit ce qu'il en est de cette antienne ressassée par des esprits tribalistes primaires, présentant les Arabes comme des colonisateurs avant la lettre. C'est si peu vrai, d'ailleurs, que des historiens contemporains avancent une explication à cette énigme historique : la foudroyante islamisation du Maghreb par quelques centaines de cavaliers arabes, au 7° siècle. Aujourd'hui, les spécialistes avancent l'explication suivante : si les Berbères maghrébins se sont islamisés si rapidement c'est parce que la nouvelle religion leur a été apportée par leurs frères Berbères libyens de Cyrénaïque.

Les Berbères de Cyrénaïque, poussés par la sécheresse, cherchaient constamment à rallier la vallée du Nil pour s'y installer. D'où un incessant conflit avec l'Egypte. Quand les Arabes s'emparèrent de ce dernier pays (après avoir vaincu l'empire byzantin), les Berbères de Cyrénaïque les accueillirent avec joie et embrassèrent leur religion. Et ce sont ces Berbères, encadrés par quelques légions arabes, qui islamiseront le Maghreb. 

Joli coup de pied de l'âne, n'est-ce pas ?

FERHAT ABBAS

Ferhat Abbas nous a quittés, il y a 30 ans, le 24 décembre 1985. Son nom, comme celui d’autres personnalités bannies d’existence durant plusieurs décennies, est revenu sur l’espace public national après octobre 1988.Pourtant, explique Malika Rahal, historienne, chargée de recherche à l'Institut d'histoire du temps présent (CNRS), les clichés et les stéréotypes sur le parcours politique du premier président du GPRA restent tenaces.
De même que son positionnement post-indépendance contre la mise en place d'un système autoritaire est peu évoquée. Une remise en perspective passionnante sur un homme encore méconnu.



HuffPost Algérie : Quand on remet en perspective les différentes expériences et, surtout, les actions qui ont rythmé le mouvement national algérien, quel est le portrait qui résumerait le mieux le vécu politique de Ferhat Abbas ?

Ce qui est remarquable dans le parcours de Ferhat Abbas, c’est son exceptionnelle longévité qui fait qu’il a plusieurs vies en politique. Il multiplie les expériences et les engagements, et il évolue dans ses opinions d’une façon qu’on n’a parfois pas su voir, au risque de faire de lui une personne anachronique et décalée.



Né en 1899, Ferhat Abbas a été un élève de l’école française, il fait partie de la minorité issue de la population colonisée ayant accès aux études comme cadre de l’Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN), avant devenir élu local puis lieutenant du Dr Mohammed Bendjelloul à la tête de la Fédération des élus musulmans algériens fondée en 1927.

Dans les années 1920 et 1930, c’est par la plume qu’il se fait connaître avec la volonté de sortir la population de la pauvreté par l’éducation. Il est alors au cœur du courant Jeune Algérien et défend en 1936 le projet Blum-Violette. Il est alors assimilationniste avec une radicalité qu’on ne peut comprendre si on l’observe à partir de la situation de 1954, mais qui, à son époque, est réelle.

Préoccupé par le devenir de la paysannerie, et convaincu que la politique, c’est le nombre, il fonde avant la seconde guerre mondiale un éphémère parti de masse, l’Union populaire algérienne (UPA, 1938). Les notables comme Bendjelloul jugeaient alors difficile à suivre cette rupture avec les formes d’engagement de la Fédération des élus, et Abbas s’est alors entouré d’hommes plus jeunes et plus militants.

C’est sur la base des mêmes principes républicains, égalitaristes et anticolonialistes qu’Abbas évolue durant la seconde guerre mondiale vers la revendication d’une citoyenneté désormais algérienne. Grâce à des hommes plus jeunes, notamment ses lieutenants Ahmed Boumendjel et Ahmed Francis, le contact était possible avec les nationalistes du PPA de Messali durant les intenses discussions qui aboutissent à la production d’un document fondamental, le Manifeste du peuple algérien, en février 1943.

Abbas y défend une République algérienne démocratique et sociale. Les autorités françaises prennent alors très au sérieux son influence grandissante, d’autant que se crée autour du Manifeste une Association des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) qui rassemble en quelques semaines, dit-on, jusqu’à 500 000 membres. Les chiffres sont incertains, mais le succès ne fait aucun doute.

C’est après le Congrès musulman de 1936 et avant le Front de Libération nationale, le second front anticolonialiste. La répression de mai 1945, notamment dans le Constantinois, à Sétif et Guelma, montre bien qu’aucune expression politique ne serait tolérée par les autorités. Durant cette période, les Européens font de lui l’homme à abattre, et exigent sa tête. Il est finalement arrêté, avec son compagnon Ahmed-Cherif Saadane.

En prison, il rédige un testament politique, où il apparaît qu’il se pense à la fin de la vie politique. En fait, le texte deviendra le programme de son nouvel engagement au sein de l’Union démocratique du Manifeste algérien à partir de 1946.

Au sein de l’UDMA, Ferhat Abbas continue de défendre un projet de République algérienne démocratique et sociale, sur la base du texte du Manifeste de 1943. Surtout, comme le font aussi le MTLD et le PCA, les militants de l’UDMA travaillent à mobiliser, à former, à encadrer la population et à diffuser des idées politiques où le nationalisme tient une large part.



On ne comprend rien au développement du FLN à partir de 1954, et à la mobilisation populaire qu’il est capable de susciter si l’on ne considère pas le travail de ces partis politiques.

Abbas est alors aussi un diplomate, qui noue des contacts, à Paris ou au Maghreb, négocie pour éviter à son parti une répression de plus en plus dure, tente de gagner sur le terrain de l’assemblée algérienne ou des assemblées locales où il est élu. Au sein même de l’UDMA se développent des discussions parfois difficiles, lorsque Ferhat Abbas est contesté, notamment par les jeunes, qui le jugent insuffisamment radical, et trop engagé dans ces activités qui n’apportent aucun résultat tangible.
Après le déclenchement du 1er novembre 1954, le décalage s’accroit quand, du fait de la répression, il est impossible de médiatiser les négociations secrètes qui ont lieu entre le FLN et l’UDMA. Bien des militants locaux rallient alors l’ALN individuellement, en attendant que leur parti soit officiellement dissout, en avril 1956 et que Ferhat Abbas ne rallie le Caire. *

Au sein du FLN, il prend en 1958 la présidence du GPRA, auquel il donne un visage internationalement reconnu. Le ralliement de l’UDMA et de son chef, contribue à accroître le crédit du FLN à l’extérieur, en lui donnant l’image d’un mouvement plus politique. Lors des manifestations de Décembre 1960, son nom est scandé comme celui d’un chef d’état. Le refus de toute négociation du côté français fait durer la guerre, et transforme les rapports de force au sein du FLN et du GPRA dont Abbas est finalement exclu.

En labourant le champ de l'UDMA et en passant au crible la perception de Ferhat Abbas par l'opinion algérienne, vous avez constaté que ce courant "a fait l'objet de stéréotypes à la vie dure". Avez-vous le sentiment que le regard des Algériens à son endroit est toujours à charge ?

Dans l’histoire dominante qui s’est développée depuis l’indépendance, et notamment l’histoire de la guerre, on a valorisé selon plusieurs critères. On a valorisé la lutte armée sur la lutte politique (quand l’UDMA était un parti politique, et qu’elle ne s’est ralliée au FLN qu'en 1956) ; on a valorisé une vision populiste de l’histoire (quand l’UDMA avait la réputation d’être un parti bourgeois) ; et on a valorisé la vision arabo-musulmane défendue par l’Association des Ulama (quand l’UDMA avait la réputation d’être francophone et laïque).

On pourrait montrer pour chaque critère à quel point les stéréotypes sont tenaces. Par exemple, il faut souligner la proximité entre Ferhat Abbas, et Abdelhamid Benbadis ou Bachir Ibrahimi, et surtout sur le terrain, la proximité voir la superposition des sections de l’UDMA avec les groupes locaux de l’association des Ulama dans les années 1940 et 1950. **

Bien souvent, les piliers des madrassat (écoles) de l’Association sont des militants de l’UDMA, et le parti développe un discours religieux et sur la religion bien plus complexe que ce qu’on croit savoir de lui. L’opposition caricaturale entre des francophones laïcs à l’UDMA et des arabophones musulmanes à l’Association des Ulama ne correspond à rien sur le terrain. Mais elle est encore très répandue aujourd’hui.

Ce qui m’a intéressée en travaillant sur l’UDMA, c’est de voir que certains stéréotypes, et certaines critiques contre Ferhat Abbas naissent très tôt, dans la compétition entre UDMA et MTLD dans les années 1940 par exemple.

Comme souvent dans les discours de disqualification, certains arguments sont fragiles et ils ont pourtant eu la vie dure : on dit ainsi volontiers d’Abbas qu’il est francisé, et l’on en veut pour preuve son mariage avec une française. En effet, dès les années 1940, on trouve des militants du MTLD qui chahutent les meetings UDMA, empêchant Abbas de parler en criant “Mme Perez! Mme Perez!” du nom de son épouse au motif qu’elle est française. *** Peu importe que la compagne de Messali Hadj aussi ait été française aussi, l’important c’était d’utiliser l’argument comme arme politique.

Les phrases que l’on reproche éternellement à Abbas sont des phrases qu’on trouve déjà dans les sources documentaires des années 1940 au MTLD où l’on fustige “Monsieur La France c’est moi”. Au demeurant, les gens de l’UDMA avaient leurs propres stéréotypes sur le MTLD : ils les accusaient d’être des “chômeurs professionnels” (c’est-à-dire rémunérés par le parti) et des voyous. Mais la vision du monde de l’UDMA (et ses stéréotypes) n’ont pas survécu jusqu’à nous de la même façon.

Comme historienne, je trouve passionnant de me demander comment la vision critique du MTLD est parvenu à s'imposer, à quel moment la vision de l’UDMA a été perdue, ou pourquoi l’Association des Ulama est devenue un modèle de nationalisme alors même que son ralliement au FLN est plus tardif encore que celui de l’UDMA...


Longtemps éliminé des manuels de l'histoire agréés par l'Education nationale en Algérie, le nom de Ferhat Abbas a réinvesti l'espace public ces vingt dernières années. Jouit-il pour autant de la place censée être la sienne dans la mémoire algérienne ?

Ce n’est pas le rôle de l’historienne de juger de la place que la société accorde à un personnage pour dire si elle est “bonne”, “suffisante” ou “juste”. C’est vrai que Ferhat Abbas a connu un regain d’intérêt qui se voit notamment dans le domaine des publications. Plus largement, depuis 1988, on a vu s’élargir le champ éditorial de façon à permettre la publication d’ouvrage de mémoires, d’autobiographies ou de biographies en grand nombre.


La publication de la biographie de Ferhat Abbas par Zakya Daoud et Benjamin Stora en 1995 en France a marqué une première étape de la reconnaissance de ce personnage. Elle a été suivie par plusieurs livres de Leïla Benammar Benmansour visant clairement à le réhabiliter. Comme d’autres, le nom de Ferhat Abbas a été apposé, notamment à l’Université de Sétif, à l’aéroport de Jijel.

Ses ouvrages reparaissent en Algérie même : « La Nuit coloniale » est reparu en 2005 avec une préface du président de la république. Son ouvrage posthume, « Demain se lèvera le jour » est paru en 2010 aux éditions Alger-Livres Éditions. Nul doute que Ferhat Abbas a une place plus importante aujourd’hui qu’il y a vingt ans.


Mais il demeure de la marge de progression, à la fois pour les historiens et pour le grand public, dans une connaissance plus fine de ce personnage et de nombreux autres. Il est remarquable qu’on continue à être très intéressé par le parcours de Ferhat Abbas durant la période coloniale, mais que l’intérêt s’émousse quand il s’agit de mieux comprendre la crise de l’état 1962, ou ses prises de position après l’indépendance.


Ainsi, après avoir été exclu avec les autres militants de l’UDMA du GPRA et remplacé par Benyoucef Benkhedda, Ferhat Abbas rejoint le groupe de Ben Bella à Tlemcen et devient le premier président de l’Assemblée nationale constituante. On gagnerait aussi à mieux comprendre comment il évolue jusqu’à démissionner de la présidence de l’Assemblée pour protester contre le pouvoir autoritaire du président Ben Bella en septembre 1963.

Ou à mieux étudier et mieux comprendre l’Appel au peuple algérien, signé en 1976 avec Benyoucef Ben Khedda, Hocine Lahouel et Cheikh Mohammed Kheireddine, appelant à fin du pouvoir personnel du président Boumediene et du caractère provisoire des institutions du pays afin de le protéger contre toute intervention étrangère. Autant de sujet sur lesquels on continue — avec une certaine obstination — à ne pas s’interroger.

NOTES DE BRANIYA

* Ce seront ses rencontres avec 'Abane (1956) qui décideront F. 'A. à rallier le FLN.

** Lakhdar Bentobbal fit assassiner le  neveu de F.'A., 'Alloua, pharmacien et élu UDMA de Constantine, au motif que ce dernier venait de lancer une souscription en faveur de l'association des 'Oulamas. (20 août 1955).

*** Méthodes de voyous, de baltagias, qui perdurent encore, alimentant sans cesse une culture de la violence, décidément consubstantielle au FLN.

RENDRE LE CERCLE TALEB ABDERRAHMANE À LA JEUNESSE ÉTUDIANTE

Appel de Mohammed Rebah, auteur de l’ouvrage : "Taleb Abderrahamane, guillotiné le 24 avril 1957"

Qui se souvient du Cercle Taleb Abderrahmane ?

Le Cercle Taleb Abderrahmane, inauguré à la fin du mois de décembre 1962, au 2 c rue Didouche Mourad, aurait eu cinquante ans s’il n’avait pas disparu – pour ne pas dire s’il n’était pas mort d’inanition - dans les années 1990. Il aurait constitué un centre de gravité des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance pour laquelle est mort celui dont il portait fièrement le nom, Taleb Abderrahmane, étudiant à la Faculté des Sciences (Ecole de chimie) de l’Université d’Alger, décapité à la prison de Serkadji, dans la Haute Casbah, le 24 avril 1958.
Un ancien responsable de la Fédération du FLN du Grand Alger – lui-même ancien étudiant de l’Université d’Alger - se souvient du jour où les membres du bureau de la section de l’UGEMA étaient allés le voir pour lui demander si le FLN les autorisait à donner le nom du chahid Taleb Abderrahmane à leur Cercle.
Dans l’Algérie française, le Cercle s’appelait « l’Otomatic ». Les étudiants européens, partisans du maintien de l’Algérie dans la France impériale, en avaient fait leur siège. Il devint le fief des sbires du sanguinaire Pierre Lagaillarde, président de l’AGEA (Association Générale des Etudiants d’Alger).
Le Cercle fut visé par la Zone Autonome d’Alger le 26 janvier 1957, en riposte au massacre perpétré, à la rue de Thèbes, au cœur de la Casbah, le 10 août 1956, par les services secrets de l’armée française, encouragés par le ministre-résident Robert Lacoste. L’engin fut placé par les militantes du FLN dans cet établissement chic du centre d’Alger où s’égaillaient les étudiants ultras.
À l’indépendance, le Cercle fut repris par la section d’Alger de l’UGEMA dont les membres sont aujourd’hui professeurs de médecine, avocats, enseignants. Les étudiants de l’Algérie libérée en avaient fait un lieu de convivialité et d’échanges. Ils avaient même installé au sous-sol une salle de lecture de la presse, appliquant la devise « pas de formation sans information ».
Les étudiants d’aujourd’hui, nés dans l’Algérie libre pour laquelle Taleb Abderrahmane a donné sa vie – il est mort à l’âge de 28 ans – sont privés, depuis plusieurs années, de ce lieu de rencontre dont jouissaient leurs aînés.
À l’occasion de la publication du livre « Taleb Abderrahmane guillotiné le 24 avril 1958 », que j’ai écrit pour rendre ce héros à la mémoire de la jeunesse universitaire de l’Algérie indépendante, plusieurs voix m’ont demandé de prolonger ce travail d’histoire en appelant tous les concernés à restituer à Taleb Abderrahmane le Cercle de la rue Didouche Mourad ?

Mohamed Rebah 
Auteur du livre
« Taleb Abderrahmane 
guillotiné le 24 avril 1958 »



4/04/2016

Tiaret Refuge d’Ibn Khaldoun et royaume du cheval...

Frenda où Ibn Khaldoun avait rédigé sa fameuse « Mouqadima » n’est pas assez connue. Les tombeaux des rois berbères, Djedaar, sous forme de pyramides qui remontent au 5e siècle après J.-C, ne le sont pas non plus. Le cheval par contre semble être connu, voire très célèbre. Une star en somme. Les habitants tiennent à cette bête, le cheval barbe surtout, comme à la prunelle de leurs yeux. Des journalistes et des étudiants ont pu sentir ce lien très fort qui lie le cheval et Tiaret dans un éductour organisé par Touring Club Algérie (TCA).
Ils ont eu l’opportunité aussi de visiter le repaire d’Ibn Khaldoun et parcourir les terres éternelles où reposent les rois berbères.
Un hennissement se fait entendre, juste derrière les grilles du haras national Chaouchaoua de Tiaret. Un hennissement puissant, hypnotisant qu’on voudrait suivre, bien malgré nous. Les grilles s’ouvrent, et là surgit une bête splendide. Un étalon barbe à la crinière d’ébène, à la robe de velours sombre qui capte tous les reflets du soleil. La queue est si longue et si bien fournie qu’elle frôle le sol à chaque fois que le cheval se cabre, le port altier, les naseaux frémissants. Comme s’il se sent admiré, Mazafran, c’est son nom, fait étalage de ses muscles puissants, remuant sa tête noble, voltigeant impatiemment sa chevelure soyeuse. Et puis soudain, il devient immobile. Il se fige comme une statue, à l’affût des louanges et des caresses de ses admirateurs. Ces derniers ne sont autres que des journalistes et des étudiants de tourisme qui visitent les lieux pour la première fois, grâce à un éductour promotionnel à Tiaret, organisé en ce mois de novembre. Un autre hennissement se fait entendre, un peu plus loin, au détour d’une allée. Un autre barbe à la robe grise. Très nerveux, celui-là remue comme un beau diable, pendant qu’on le ferrait. Une opération qu’il faut renouveler chaque mois. Juste à côté, dans une maréchalerie, des artisans sont occupés à forger les fers, les ajuster pour qu’ils adhèrent à la forme des sabots. 
Les lieux sont d’une propreté impeccable, comme partout dans le haras. La maréchalerie a gardé son architecture coloniale, son cachet authentique. Le feu est alimenté régulièrement par de grosses buches bien alignées. A l’extérieur, l’artisan maintient fermement le barbe, pour lui mettre ses nouvelles « chausses ». A la vue de « l’assistance », le barbe gris cesse tout mouvement, aux aguets, les yeux curieux. D’autres hennissements se font entendre, du côté des boxes cette fois-ci. Comme si elles ont senti la présence des visiteurs, de jolies pouliches ruent dans les boxes pour attirer l’attention. Mais à l’approche des visiteurs, elles font marche arrière, reculent jusqu’au fond de leurs abris. Les bêtes sont d’une propreté impeccable, leurs robes bien pansées. « Nous entretenons mieux les bêtes que nos propres enfants. Nous nous soucions de bien les nourrir en premier lieu, nous pensons aux bénéfices bien plus tard », confie le chef de service de l’élevage au haras, Belkacem Aouad. 
Le haras est doté de 700 hectares de terres agricoles pour cultiver principalement du fourrage. 800 tonnes par an de fourrage sont produits, soit 23 000 bottes.
Un élevage pour conserver l’authenticité
Des bottes de foin de très bonne qualité sont assemblées d’ailleurs, à proximité des boxes. Certains des visiteurs ont extrait quelques mèches de foin pour attirer les bêtes et voler quelques caresses. Rien ne semble manquer aux pensionnaires du haras, (des pur-sang mais aussi le barbe qui bénéfice d’un traitement de faveur affection), soins, nourriture en abondance…. « Nos barbes sont issus de lignées pures et authentiques. Notre devoir est de préserver cette authenticité qui place notre cheval barbe aux premier rang dans le monde entier », assure M. Aouad. Une race authentique qui est très demandée dans les champs de course surtout, nationaux et étrangers. « On importe aujourd’hui des chevaux de sport mais ils ne font pas le poids face au barbe. L’importation d’ailleurs est très facile chez nous, mais pour l’exportation, c’est une autre histoire. Pour exporter un barbe ou un pur-sang, ça prend énormément de temps, à cause de la réglementation algérienne. Nous n’avons réussi à en exporter que deux, un barbe et un pur-sang dont l’un est destiné à la reproduction », explique-t-il. 
Bien que le haras fournisse les champs de courses et les centres d’équitation, ainsi que les particuliers, la jumenterie de Tiaret est toujours considérée comme une ferme pilote. Le moniteur au centre équestre de l’Emir Abdelkader, Hatem Azizi qui exerce son métier depuis plus de 35 ans, déplore que le haras ne soit pas encore classé patrimoine national. « Il y a 35 ans encore, nos bêtes étaient exportées vers la Belgique, le Brésil, la Hollande pour la reproduction. Leurs haras voulaient du barbe authentique. Mais pour obtenir un barbe aux caractéristiques maghrébines, il fallait un environnement qui soit authentique à celui de la région maghrébine. Un environnement sec qui permet au barbe de développer sa résistance. Or, ailleurs, le barbe se bonifiait à cause d’un environnement gras. Aucun haras à l’étranger n’a réussi à produire un barbe authentique », dit-il. 
Le haras, en effet, qui remonte au 19e siècle, mérite le titre de patrimoine national. De légères modifications ici et là ont été entreprises au fil du temps mais les lieux ont conservé leurs structures originelles. Une fontaine coloniale est toujours en bon état, implantée juste à l’entrée entourée de grillage et de feuillages. Les éleveurs expliquent, qu’à l’époque, elle regorgeait de poissons. Elle était reliée à une source d’eau naturelle de la région utilisée pour l’abreuvement des chevaux. « Les poissons n’étaient pas là pour le décor. La fontaine est le premier point d’eau de cette source de telle façon que si l’eau était impropre à la consommation, le poisson mourrait. C’est ainsi que les anciens éleveurs contrôlaient la qualité de l’eau avant d’en abreuver les chevaux », explique le responsable de l’élevage. 
Pour renforcer les rendements, desquels dépend la survie du haras, M. Aouad a pensé à un projet de lancement d’un produit touristique. Des randonnées équestres de 1 à 10 jours pour les touristes dans les plaines de Tiaret. Une formation autour de ce projet a été faite en France et des essais ont eu lieu, avec succès, à Tiaret. « Le produit est réussi mais le problème qui se pose, c’est que le haras ne peut pas fournir des chevaux destinés exclusivement à ce genre de randonnées. A n’importe quel moment, le haras peut réclamer ses chevaux, en l’absence d’une structure qui permet de dégager un quota pour le lancement de ce projet touristique », indique-t-il. En conséquence, les randonnées sont organisées sur commande et dépendent de la disponibilité des chevaux. Un produit qui aurait pu soutenir les finances de ce haras qui souffre actuellement de perturbations que les éleveurs espèrent passagères. Leur client principal, la Société des courses et du pari mutuel traverse, elle aussi, une période de crise.
La grotte où la « Mouqadima » a vu le jour
A cause de cela, la jumenterie ne fournit plus de chevaux à cette société. Les méventes inquiètent sérieusement les gestionnaires du haras. La continuité de l’élevage dépend essentiellement de ce débouché ainsi que des centres hippiques. Pour le moment, les éleveurs persévèrent mais l’avenir est une source d’angoisse perpétuelle. Pour ce qui est de la formation des métiers de l’élevage, les gestionnaires de ce haras ne semblent pas se plaindre. « Il est très rare de trouver une famille à Tiaret qui n’ait aucun lien avec le cheval. Il est omniprésent, comme un membre de notre famille. La plupart des familles ont des chevaux chez elles », assure M. Aouad. Dans les magasins, et même dans les hôtels, des affiches et des statuettes de l’équidé sont mis en évidence. C’est pour dire l’importance que représente cette bête pour les habitants de Tiaret. Les métiers de l’élevage sont, en fait, transmis de génération en génération. Certains des éleveurs, qui ont les moyens, sont partis à l’étranger pour compléter leur formation. Mais vu l’entretien dont les chevaux font l’objet dans le haras, les pensionnaires n’ont pas à se plaindre, et ce, contrairement aux chevaux qui vivent dans le centre d’équitation de l’Emir Abdelkader. Des chevaux qui sentent mauvais, mal entretenus, et semblent sous-alimentés. L’étroitesse des lieux les rendent nerveux, eux qui aiment les grands espaces. Leurs boxes, quant à eux, ne brillent pas par leur propreté. Un grand écart entre la jumenterie et le centre hippique. 
L’éductour de Touring club d’Algérie, qui donne la priorité aux régions touristiques méconnues, telles Tiaret, a conduit les journalistes et les étudiants vers d’autres sites, historiques. Dans la région de Frenda, là où, au 14e siècle, la tribu de Beni Arif, habitant la citadelle Beni Salama qui remonte au 11e siècle, avait fait amende honorable auprès du roi de Tlemcen pour accueillir le plus célèbre des sociologues arabes, Abderrahmane Ibn Khaldoun. C’est à Taouzghout, sur l’un des flancs de Frenda, qu’Ibn Khaldoun a vécu durant quatre années sous les remparts de Beni Salama. Mais également dans les grottes qui se trouvent juste en contrebas, aux pieds du grand vieux mur de la citadelle, la seule partie qui ait survécu au temps et qui sert aujourd’hui de… « bancs publics ». 
D’après un guide de l’Office local de gestion et d’exploitation des biens culturels, les grosses pierres taillées de la citadelle ont été utilisées par les habitants pour construire leurs maisons sans que cela émeuve les collectivités locales. Du côté des grottes, rien n’indique qu’il s’agit d’un site historique et archéologique. Aucune pancarte, sauf à l’entrée du village qu’on a du mal à repérer, cachée qu’elle est par des buissons. Pourtant, c’est dans ces grottes-là qu’Ibn Khaldoun a écrit, en pensée d’abord, la « Mouqadima du kitab el Ibar » (Prolégomènes du livre des exemples). Le guide a montré la grotte où le savant restait seul, des jours entiers pour s’inspirer. Une grotte qui a été aménagée en trois chambres en l’an 72 avant J.-C., à l’époque où les hommes y habitaient. Un lieu très sombre même en plein jour. On peut aisément imaginer Ibn Khaldoun allumant des bougies avant de pénétrer dans la grotte et laisser son esprit vagabonder au gré de ses préoccupations à la lueur de la flamme. Toujours selon le guide, ce n’est pas dans cette grotte que le savant avait rédigé son œuvre. Mais dans une autre, plus petite, ne comportant qu’une seule pièce. C’est là, en face d’un paysage grandiose et une cascade minuscule qui regorge d’eau depuis la nuit des temps, que le penseur a trempé sa plume dans de l’encre pour faire naitre une œuvre qui suscite jusqu’à nos jours, de l’étonnement chez les chercheurs, scientifiques et anthropologues. « Le site est classé patrimoine national mais n’a jamais été réhabilité. Nous avons sollicité l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels pour le clôturer au moins, mais sous prétexte que le site n’est pas classé monument universel, l’office tarde à réagir. En temps de pluies, les grottes sont abimées par l’eau. Il n’y a même pas de dépliants pour raconter l’histoire du site », déplore le guide.

Sanctuaire des rois berbères
Sur l’autre flanc de Frenda, un autre site historique qui remonte, quant à lui, au 5e siècle après Jésus-Christ. Des mausolées de rois berbères chrétiens ou les « Djedaars » dont l’architecture rappelle le mausolée royal de Maurétanie, en plus petit. Ils sont treize dans la région, certains plus grands que d’autres mais ils restent méconnus. Mis à part les informations habituelles relatives à la date des tombeaux et quelques notions autour de leur architecture, le guide n’a pas pu donner plus de détails, concernant les dépouilles, leurs histoires, leurs vestiges. La région n’attire pas particulièrement les archéologues nationaux pour d’éventuelles des fouilles. Une archéologue algérienne en collaboration avec un collègue étranger ont pu faire connaitre le lieu qui est classé patrimoine national. Mais le mystère plane toujours sur les lieux comme dans beaucoup de sites archéologiques et historiques algériens. 
Les journalistes et étudiants ont pu pénétrer dans l’un des mausolées sous forme de pyramide, à travers une ouverture très étroite. Le noir est total et pour se diriger vers le hall, une torche est nécessaire. Un endroit à déconseiller aux claustrophobes. Le fuseau de lumière éclaire les chambres funèbres, dernières demeures de ses rois. Le guide n’a aucune idée du sort des corps mais pense qu’il y a eu désintégration des dépouilles. « On n’en sait pas grand-chose », confie-t-il en espérant que des archéologues s’intéresseront un peu plus à ces rois et à leurs familles dont l’histoire est enfouie sous un amas de pierre en forme de pyramide. C’est ainsi que s’achève l’éductour de TCA qui envisage d’autres « sorties » de ce genre pour faire la promotion des sites touristiques… tombés dans l’oubli.

par Farida Belkhiri

COLLOQUE SUR LE CHAHID SI MEDJDOUB PLAIDOYER POUR DES ETUDES SUR LES PARCOURS DE CHOUHADA ET DE MOUDJAHIDINE



TIARET - Les participants au 4ème colloque sur le chahid commandant Si Medjdoub ont plaidé, mercredi à Tiaret, pour la réalisation d’études sur les parcours de chouhada et de moudjahidine.
Lors de cette rencontre, organisée par le bureau de wilaya de Tiaret de l’Organisation des moudjahidine (ONM) en collaboration avec l’université de Tiaret pour commémorer le 55ème anniversaire de la mort de cet héros, les participants ont insisté sur la nécessité de faire connaître aux générations montantes les exploits des chouhada durant la guerre de libération nationale pour qu’elles suivent et s’imprègnent de leur exemple.
Le doyen de la faculté des sciences sociales de l’université de Tiaret, Tedj Mohamed, a exhorté les présents à entreprendre cette oeuvre qui contribue à développer l’esprit nationaliste et l’amour de la patrie, avant d’appeler à organiser des rencontres avec des académiciens ayant vécu la glorieuse révolution pour faire montre davantage de ses hauts faits à travers les précieux témoignages de moudjahdiine pour l’écriture de l’histoire de la guerre de libération nationale.
Cette rencontre, à laquelle ont pris part des représentants de l’ONM des wilayas de Tissemsilt, de Relizane, de Saida, des moudjahidine et des étudiants, a été marquée par des communications traitant de la guerre de libération, du mouvement national et des activités de l’Armée de libération nationale (ALN) dans les Wilaya V historique et IV, cette dernière représentée par Tiaret où est tombé au champ d’honneur le commandant Si Medjdoub.
Le commandant Chaib Tayeb dit Si Medjdoub, né le 54 février 1931 à Tlemcen, a rallié les rangs de l’ALN en 1956 et a joué un grand rôle dans l’organisation des structures de la révolution au niveau des deux Wilayas historiques 4 et 5, selon M. Benhamoum M’hamed, enseignant d’histoire de la guerre de libération nationale à l’université Ibn Khaldoun de Tiaret.
Il tomba au champ d’honneur avec cinq autres compagnons d’armes dans la région de "Larta", dans la commune de Sidi Abderrahmane (Tiaret) le 4 février 1960, sous les bombardements des avions des forces coloniales françaises.

Six grands chefs "indigènes" algériens en 1860

SIX GRANDS « CHEFS INDIGÈNES » ALGÉRIENS EN 1860



La légende porte :
« Chefs de tribus décorés de la Légion d'honneur à l'occasion du voyage de Napoléon III en Algérie - 1860
Debout de gauche à droite :
Abdel kader Ben Daoud, agha de Tiaret - Si Mohamed Saïd Ben Ali Chérif, bachagha de Chellatta, conseiller général de Constantine, Si Slimane Ben Siam, Agha de Miliana
Assis, de gauche à droite :
Si Tahar Ben Mehiaddin, bachagha des Slimani - Ben Yahya ben Aïssa bachagha du Titteri - Bou Alem Ben Chérifa, bachagha des Djendels ».

La photo est particulièrement intéressante. Malgré les apparences, ce ne sont pas de simples « chefs de tribus », avec une tonalité exotique, y compris dans le costume. On a un groupe de chefs algériens parmi les plus considérables du milieu du XIXe siècle, même s’il en manque quelques uns, comme des membres des Awlâd Muqrân ou des Awlâd Sîdî al-‘Arîbi. Ils ont en commun d’être tous au service officiel des Français, auprès de qui ils briguent un commandement élevé.
            ‘Abd al-Qâdir ben Dawûd, agha de Tiaret, est issu du maghzân turc oranais. C’est un homme de guerre, particulièrement redouté, successeur d’Al-Mazâri et du général Mustapha ben Isma’îl. Sî Slimân ben Siam, agha de Miliana, appartient au même univers. S’il est moins guerrier, il n’en réussit pas moins une ascension exceptionnelle dans un autre domaine.
Bû ‘Alâm ben Sharîfa, basha-agha des Djendel, près de Miliana, a quitté l’allégeance à l’égard de ‘Abd al-Qâdir de longue date et a réussi à évincer son frère aîné Sharîf ben Sharîfa, pourtant très entreprenant. Personnalité inquiète, il réussit à traverser toutes les embûches.
Ben Yaya ben ‘Isâ, bash-agha du Titteri est le plus âgé de tous. Il est immergé en profondeur dans les luttes politiques de l’Algérie médiane et en particulier du Titteri, entre Alger et le Sud Saharien. C’est une personnalité puissante, difficile à manœuvrer et elle- même très manœuvrière.
Sî Tahar ben Mahî ad-Dîn (décédé en 1866) est d'extraction maraboutique. Il doit se contenter du titre de bash-agha des Beni Slimân, en Basse-Kabylie, ce qui est une rétrogradation par rapport à son frère titulaire de celui de khalîfa jusqu’à sa mort en 1852. Sî Mahfûd, autre frère, cherche pour sa part à préserver le prestige de la zâwiyya familiale, une des plus considérables du pays.
            Sî Muhammad Sa’îd ben ‘Alî Sharîf, chef de la zâwiyya de Chellata, sur le revers Sud du Djurdjura, dont la réputation s’étend au-delà même de l’Algérie, en particulier en Tunisie, vient de réussir sa conversion en homme de maghzân après bien des années d’hésitation. Il est désormais bash-agha et conseiller général de Constantine.
Aucun d’eux n’a cependant rang de khalîfa : le titre n’est plus à l’ordre du jour de la domination française : trop symbolique, car il consacre une relation personnelle de haut rang avec le détenteur suprême du pouvoir, et trop élevé. L’objectif est de les contenir à un degré inférieur, même si il est encore assez élevé pour ne pas entamer trop crûment leur horma. Ils reçoivent ici la Légion d’honneur à l’occasion du premier voyage de l’empereur Napoléon III en Algérie, en 1860. C’est comme un tableau de chasse pour l’empereur, qui a de surcroît besoin d’une « noblesse arabe » pour étendre sa cour impériale.
            Apparemment, ils sont tous regroupés derrière la domination française et, pour l’heure, derrière l’empereur des Français, comme dans un pacte personnel. Les cinq premiers ont eu fort à faire avec ‘Abd al-Qâdir. Tous ont en commun d’avoir partie liée d’une manière ou d’une autre avec le mouvement chérifien algérien. Certains à des niveaux étonnants. La position écartée du groupe, séparée par la rampe d’escalier, de Sî Slimân ben Siam n’est peut-être pas fortuite. Pour le moins, une connivence est en train de naître entre eux ou de se renforcer, qui échappe pour beaucoup aux Français.

Aziz Sadki

mis en ligne le 1er octobre 2012

Les rites funéraires des anciens berbères.

Les anciens berbères enterraient leurs morts et pratiquaient des rites funéraires. Leurs tombeaux variaient de la simple fosse surmontée de terre ou de tumulus de pierres, au superbe mausolée royale.
La position du corps dans la tombe variait d’une région à une autre. On a retrouvé ainsi des corps étendus de tout leur long, en position fléchie ou des genoux ramenés jusqu’au menton. On a pensé que cette position visait à réduire l’espace occupé par le mort, mais elle correspondait probablement à un rite de naissance, le défunt prenant la forme du fœtus dans le ventre de la mère.
Parfois le corps recevait une première sépulture : on attendait qu’il se déchaînât, puis on procédait à un second enterrement. Il n’était pas rares que des restes de personnes différentes fussent inhumés dans la même tombe.
Les berbères éprouvaient un grand respect pour leurs morts. Comme de nombreux peuples de l’antiquités, ils craignaient qu’un abandon ou un mauvais traitement ne favorisât leur retour sous forme de fantôme ou de mauvais esprits. En les traitant bien, au contraire, ils s’assuraient leur protection et bénéficiaient de leur connaissance de l’au-delà.

Les pratiques funéraires 

Les rites funéraires sont si nombreux chez les Libyens, qu’il est dit à leur sujet qu’il s’agit d’une véritable religion funéraire. EN réalité, il s’agit de pratiques archaïques que ni l’influence punique, ni la romanisation n’ont pu effacer. Certains rites, comme les sacrifices d’animaux, ou la communication avec les morts, nous sont parvenus, sous des formes plus ou moins altérées.
Les sépulture : Elle prend diverses formes : tumulus de pierres recouvrant une fosse, ou au contraire un mausolée élevé à la gloire d’un souverain.
Les besoins du mort : On croyait que le mort continuait à vivre dans l’au-delà, aussi subvenait-on à ses besoins en déposant dans la sépulture des aliments, des armes, et des poteries.
Les sacrifices d’animaux : avant ou après l’enterrement, comme cela se pratique encore dans certaines régions du Maghreb, on procédait à des sacrifices d’animaux. Dans les tombes préhistoriques, des ossements humains sont souvent mêlés aux os d’animaux : bœuf, mouton, chèvre, gazelle…
La protection magique : pour soustraire le cadavre à l’anéantissement, on le parait d’objets magiques, bijoux de cuivre, ou de colliers de coquillages. Quand le cadavre avait subi la décarnation, on peignait le squelette en rouge, couleur de la vie et de la force.
Enfin, il existe une pratique qui permettait aux deux mondes de communiquer.

L’incubation 

Le rituel d’incubation permettait aux berbères de communiquer avec leurs morts. Cette pratique divinatoire, attestée dans toutes les civilisations méditerranéennes, consistait à prier, puis s’endormir sur la tombe du mort qui communiquait alors au moyen du rêve, sa volonté. On s’endormait aussi dans les temples, et on recevait, toujours au même moyen, des messages des dieux.
Rite païens, l’incubation fut interdite par l’islam, qui la remplaça par l’istikhara, prière de demande (faite à dieu) par le rêve. Mais le vieux rites a subsisté, et on la retrouvait encore au début du siècle dernier, dans certaines régions d’Afrique du nord. Au Maroc, on passait la nuit au pied des tombeaux des saints, au Hoggar, les femmes dormaient à proximité des veilles tombes, pour recevoir les nouvelles de leurs maris absents.

Mira B.G
Sources :
  1. S. Gsell, « L‘histoire de l’ancienne Afrique du nord« , 1925
  2. Camp, « Les berbères aux marges de l’histoire, 1980
  3. M. Akli Haddadou, « Guide de la culture berbères«